jeudi 21 août 2008

Lac-Leamy

Projet évolutif « d’enveloppement écologique » du Parc du lac Leamy


Propositions relatives à l’entretien et l’avenir du Parc écologique du Lac Leamy


Faites par le CREDDO et Jacques Demers


à la Commission de la capitale nationale (CCN)


Février 2005


Projet évolutif « d’enveloppement écologique » du Parc du lac Leamy. Gatineau Qc





Contexte
Les années 60 et 70 ont vu une grande remise en question tant au niveau politique qu’environnementale. Aux cours des années 80, un grand tournant a été effectué lors du dépôt du rapport Brundtland, qui prônait le développement durable : Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Rapport Brundtland, 1988) Suivirent les Sommets de Rio et de Johannesburg, le protocole de Kyoto (GES), celui sur les changements climatiques, la biodiversité etc.

Malgré ces ententes internationales et réflexions sur le développement durable, les aspects sociaux et environnementaux sont trop souvent considérés en second et troisième lieu, loin derrière le développement économique. La conservation n’est pas assez prisée. Le rétablissement écologique dans le cas de développements extrêmes se limite à laissez le temps à la nature de réparer les abus du passé.

Le projet écologique du parc Leamy proposé, aimerait rectifier le tir et servir de laboratoire à ciel ouvert au cœur d’un centre urbain tant au niveau de l’expérimentation avec les alternatives aux façons courantes (provenant des années cinquante), d’entretenir un espace comme celui en présence et tant au niveau du rôle d’éducation et d’interprétation auprès de jeunes, des citoyens et des touristes.


Définition
Le terme « enveloppement écologique » est utilisé en opposition au « développement économique ». En résumé, cela consiste à permettre à la nature de reprendre ses droits tout en préservant l’accessibilité touristique pour fin d’éducation. C’est à dire, le maintien, voire l’expansion de la biodiversité en harmonie avec l’humain. Le terme évolutif est employé afin de démontrer qu’il y a plusieurs étapes dont le but premier sera de favoriser les espèces menacées et rares qui se reproduisent difficilement.

Ce projet d’enveloppement écologique se voulant évolutif, beaucoup d’autres petites innovations contribueront au rétablissement de la biodiversité dans ce petit laboratoire prisé par les touristes curieux et avides de connaissances. S’inspirant des clauses de toutes certifications environnementales (FSC, ISO 14000, CSA etc.). Le projet aura donc une philosophie de « l’amélioration continue ».










Plan de revitalisation et de régénération

Première étape
Le parc a été conçu dans un contexte de développement que l’on croyait à l’époque, illimité. Les grands espaces gazonnés devenaient la norme. Personne n’hésitait à évacuer des habitats fauniques pour étendre de « beaux tapis verts ».

Ces excès et la construction de stationnements dans la bande de protection riveraine ont conduit à des situations telles l’effondrement d’une rive qui entraîne une portion du sentier récréatif et des arbres matures dans la rivière Gatineau. Il est donc urgent de stabiliser la rive et de rétablir la végétation dans les 10 à 15 premiers mètres. (v. Politique de protection des rives du littoral et des plaines inondables du Québec)

Dépendamment des techniques de stabilisation utilisées, (documents du Rappel) il sera sans doute nécessaire d’imposer des limites de vitesse aux bateaux circulant sur la rivière Gatineau. Il va sans dire qu’ils sont en partie responsables de l’érosion. Cette restriction sera considérée surtout dans le segment entre le canal du lac Leamy et la rivière des Outaouais ; un segment très achalandé à cause de la destination importante qu’est le Casino. Dans le cadre de ces travaux, il sera aussi important de conserver l’œuvre de peinture artistique de M. Dan Rouleau effectué sur un arbre effondré à cause de l’érosion du sol. (Premier stationnement)

Le but premier étant l’expansion des espèces menacées et rares, il faudra donc des individus floristiques supplémentaires pour favoriser l’expansion végétale diversifiée. Le gazon étant une forme de monoculture, il nuit à cette expansion, étant trop étendu à certains endroits. Puisqu’il n’est pas utilisé pour fins récréatives partout, il devient source de dépenses en terme d’entretien. Donc, une étape importante du projet consistera à réduire les étendues gazonnées inutilisées en laissant la végétation reprendre ses droits.


Deuxième étape

L’intervention effectuée à ce stade sera en fait de la non-intervention. Il sera généralement convenable de conserver une bande gazonnée à moins de 12 mètres le long de la promenade, autrement ne pas tailler la bande de 15 mètres contiguë aux boisés en arrière plan, de chaque coté de la promenade (entrée boul. Fournier).Une variation de 2 à 15 mètres est permise selon la distance des boisées en rapport avec le chemin ou les sentiers récréatifs. Il est ainsi possible d’économiser dès la première année pour mieux réinvestir plus tard, en taillant de moins de grands espaces.

Le rapport de la communauté verte, Evergreen, présente une tendance novatrice qui consiste à remplacer le gazon par des plantes indigènes :
« La revitalisation écologique est un processus qui consiste à réparer les dommages causés à la diversité et à la dynamique des écosystèmes indigènes par les activités humaines.
(Evergreen)
La naturalisation communautaire se définit comme un processus de revitalisation écologique auquel la communauté participe activement pour rétablir un site altéré ou dégradé dans un état plus naturel, au moyen d'arbres, d'arbustes et de fleurs indigènes. Il peut s'agir de remplacer le gazon d'un petit parc par des plantes indigènes ou encore de revitaliser un écosystème dégradé, comme un marécage ou une prairie herbeuse vallonnée. »
(Jackson, 1995, dans K. Towle, 1996 dans le Rapport Evergreen)

Pour le reste, le gazon sera plus résistant si les sous-traitants sont formés à faire usage de la tonte écologique recommandée. Cette méthode recommande entre autre de ne pas toujours tondre le gazon le plus court possible afin que celui développe des racines plus longues, lui permettant de survivre à la canicule. (voir L’entretien écologique des pelouses, Roger Dumouchel)



Troisième étape
Dans les bandes meublées et restituées le long des boisés, il s’agit de privilégier les espèces établies moins envahissantes. Par exemple, la végétation herbacée rare et menacée, les arbres tels micocoulier, chêne, bouleau jaune, cerisier tardif, noyer cendré, certains résineux etc. Si ces végétaux se régénère difficilement de façon naturelle, il faudra prévoir planter des semis. Entre temps, dégager la régénération actuellement établie en bordure des boisés et constituée surtout de Nerprun et vignes envahissantes. Remettre en production arboricole les champs le long de l’autoroute 550 pour favoriser l’effet d’écran sonore à partir de la plage.

La végétation rétablie dans les bandes, pourrait être étendue par des aménagements paysagers en îlot composés exclusivement d’espèces indigènes. S’il est confirmé par des études préalables que certaines espèces aient disparues du parc, et si l’habitat est propice à la réintroduction de celles-ci, il s’agira d’en replanter. Il existe un exemple de projet d’espèces à caractère local absentes du parc Tudor de la ville de Faches Thumesnil. «…des espèces à caractère local à 80 % de type hêtre, chêne, charme, sorbier, tilleul, érables champêtres, merisier, prioritaires, car absentes du parc actuellement »

Quatrième étape
Une aire de dépôt de biomasse est établie au sud-ouest du deuxième stationnement (branches, gazon, plantes). Tout en assurant la protection des espèces rares établies autour du site telle le Carex typhina, (Étude de la flore et évaluation des conditions du milieu naturel de la zone d’étude du lac Leamy) , il serait recommander de transformer ce site en aire de compostage officiel. Ce compost permettra de fermer la boucle du cycle de vie du parc. Il est donc essentiel de libérer le site des détritus qui ne sont pas biodégradables comme les plastiques, cannettes, verres etc. de rassembler les petits tas de biomasse éparpillés sur le site puis de les empiler dans un seul andin annuel. Ainsi le personnel du parc ferait une meilleure gestion de la matière organique Dans cet endroit il serait aussi recommandé d’aménager des rocailles et/ou des îlots d’aménagement paysager au centre des espaces gazonnés non utilisés, toujours avec des espèces indigènes.

Cinquième étape
Il s’agirait ici de rétablir le petit marécage (Rappel) au cœur du parc qui est rempli de gazon (espèce envahissante ?). La survie de ce petit marais, situé dans l’îlot boisé au sud du deuxième stationnement, sera mieux assurée si le rétablissement de la deuxième moitié est effectué. Malgré tout, ce petit étang est visité par des hérons, des canards et autres espèces fauniques. Ce marais rétabli, il s’agirait de planter des arbres de grandes dimensions au sud pour le préserver du soleil et du même coup, créer une zone tampon avec la promenade. De plus, il servira aux touristes de site par excellence, d’interprétation des terres humides en leur expliquant l’importance de les préserver. Si la Rainette faux grillon, une espèce menacée, re-colonise cette petite mare, ce sera plus qu’espérer.


Autres travaux à effectuer

Ø Changer l’emplacement du sentier récréatif actuel en le relocalisant dans la régénération établie, située dans le secteur des deux premiers stationnements. La rive de la rivière Gatineau stabilisée, il sera plus écologique de déplacer le sentier récréatif à une distance suffisante (15m) de la berge et de transférer la régénération établie dans le nouveau tracé du sentier aux abords de la rivière. Non seulement ceci améliorera l’écologie aquatique et terrestre, mais ce sera une occasion d’innover en transférant la régénération établie vers la bande reconstituée de la rive : un échange d’emplacement, enter sentier et végétation établie. Ainsi, le principe de conservation sera appliqué et le parc gagnera quelques années de régénération. Si cette expérience s’avère concluante, elle pourra servir ailleurs dans le parc.

Ø Installer des bancs de parc à intervalle régulier le long du sentier récréatif afin de répondre aux besoins d’une population vieillissante ; commentaires recueillis auprès de plusieurs personnes âgées prenant une marche sur les sentiers.

Ø Installer des contenants de récupération partout où se trouvent des poubelles à déchets.

Ø Aménager des sentiers d’interprétation de la nature et des points d’observations sur les presqu’îles de la rivière Gatineau et des Outaouais.

Ø Rétablir la biodiversité dans les champs en face du cimetière Notre-Dame sur le boulevard Fournier. Cet ancien site d’enfouissement sanitaire, maintenant en friche est désolant à voir. Il se situe entre le boulevard et la petite baie de la rivière des Outaouais qui héberge beaucoup de faune ailée. Il sera nécessaire de rétablir au minimum un corridor naturel le long de la rive et de chaque coté du sentier secondaire pour créer une zone tampon de protection naturelle pour la faune de la baie. Il serait aussi intéressant de considérer la décontamination du site entier et sa remise en production végétale et arboricole.

Ø Établir des corridors. La présence du cerf de virginie dans le parc impose l’obligation d’identifier le ou les corridors empruntés par ces cervidés et de le ou les incorporer au projet. Ces mêmes corridors serviront aux autres espèces végétales et animales en tant que lien « naturel » entre le parc et les habitats extérieurs

Ø Installer des filets métalliques autour des arbres riverains rongés par les castors et gérer les populations de castors présentes dans ce parc et celui de la Gatineau. La formation d’un comité de gestion de la faune composé de la CCN, Faune Québec, Ville de Gatineau et les MRC environnantes seraient à envisager dans ce cas.

Ø Dans le cadre du programme de la CCN visant d’assurer la sécurité des usagers sur les sentiers récréatifs, il serait possible d’embaucher des guides interprètes saisonniers qui exerceraient le rôle d’agent de sécurité, tout en étant disponibles pour répondre aux questions et expliquer le but initial du « projet d’enveloppement écologique du parc Leamy » ; c’est à dire, conserver et même étendre la biodiversité indigène dans le parc. Étant donné la tendance voulant ajouter des espèces exotiques pour « colorer » l’environnement, le travail d’éducation consistera surtout à expliquer l’avantage de viser l’intégrité indigène du parc par l’entremise de panneaux d’interprétation.

Activités et évènements saisonniers.

Dans le cadre du projet qui se veut simultanément écologique, éducatif et touristique, il sera possible d’organiser des activités compatibles au mandat établi : visites d’écoliers, de personnes âgées, etc. En exemple cet été, le public a assisté à un phénomène inattendu. Un artiste peintre, M. Dan Rouleau, en s’inspirant de la nature présente dans le parc, a peint une série de tableaux sur un arbre mort, tombé. Recevant des encouragements et des félicitations tout l’été, M. Rouleau, travailleur à la retraite, a poursuivi sa démarche jusqu’à l’automne. Aujourd’hui, nous sommes témoins, d’une œuvre d’art originale.

Si la tendance se maintient, M Rouleau aura sans doute donné des idées aux autres peintres amateurs et professionnels. Donc, s’il y a une demande d’organiser un événement qui aurait comme objectif de rassembler les artistes à l’œuvre (Foire artistique et/ou exposition de tableaux etc.) ce serait à considérer. Toutefois, comme le projet du parc Leamy se veut écologique, tous les produits utilisés seront gérés vigoureusement par un système de récupération et de recyclage approprié.

- Caractériser et restaurer l’ancien site de dépôt à neige du chemin du Lac Leamy. Ce site étant la propriété de Casiloc, des discussions seront nécessaires pour harmoniser leurs intentions avec l’objectif du parc.





Contribution au développement durable de l’Outaouais

Comme l’Outaouais possède d’autres réserves de biodiversité il serait possible de faire de l’éducation relative à la biodiversité auprès des touristes en trois circuits : un peu à l’image des parcours sportifs, inviter les touristes à découvrir la biodiversité en trois étapes.


1) Débutants : Parc Leamy
2) Intermédiaire : Réserve écologique de la Forêt la Banche
3) Expert : Réserve faunique Papineau Labelle

Ce concept serait une solution au conflit d’usage appréhendé entre le « récréo-touristique et la conservation » dans le parc Leamy (Débutants).

Le projet du Parc Leamy pourrait s’associer avec la Réserve écologique de Forêt La Blanche (Intermédiaire) pour offrir des activités complémentaires « éducatives et amusantes pour les groupes et les écoles ; destination idéale pour ornithologues ; sentiers pédestres dans l'une des dernières forêts encore intactes au Québec. »

La Réserve faunique Papineau–Labelle (Expert) pour sa part, pourrait offrir des activités plus aventureuses telles, la randonnée pédestre, la découverte de la faune, le canot-camping, le ski nordique (longue randonnée), la location de chalets, les sites géologiques, la pêche etc.

Ce concept de « circuit de la biodiversité » aurait un effet bénéfique supplémentaire en invitant les touristes à visiter notre région non urbanisée et répondrait au mandat éducatif relatif à la biodiversité tout en cadrant bien avec l’intention de Tourisme Outaouais, de mieux partager les retombés économiques du tourisme avec les sous-régions.

Le Parc Leamy n’est pas un écosystème en vase clôt, il partage des éléments avec les autres réserves qui se complémentent mutuellement. En favorisant le tourisme en interrelation dans la Réserve faunique Papineau Labelle, on contribuerait à faire la transition de l’économie basée sur la coupe forestière à l’économie du tourisme dans les villages adjacents. Le concept de circuits pour la biodiversité contribuerait donc à réduire la dégradation de la forêt publique causée par l’exploitation forestière puisque la communauté économique en serait moins dépendante.

Il faudrait cependant réfléchir aux impacts du transport par véhicules individuels afin de mettre sur pied un système de navettes (aux frais des usagers) en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de réduire les espaces de stationnement qui eux empiètent sur la forêt. Le fait d’offrir un transport en commun en fait du vrai développement durable puisque l’on protège l’environnement, on permet à plus de personnes de s’y rendre et on donne un cachet spécial à l’endroit en encourageant les gens à ne pas s’y rendre en voiture. Évidemment ceci fait partie d’une discussion à avoir avec les gens des autres réserves et s’applique aussi au Parc de la Gatineau.

Conclusion

Le CREDDO se veut un partenaire de la CCN. L’abandon du projet de golf au lac Leamy offre l’occasion de pousser avant « l’entretien » du parc et d’en faire un projet soutenable de « forêt habitée » à échelle réduite. Il permet aussi de ramener le parc au sein des écosystèmes protégés de la région outaouaise et de le rétablir comme îlot naturel en milieu urbain.



Bibliographie

Carex typhina : Étude de la flore et évaluation des conditions du milieu naturel de la zone d’étude du lac Leamy, Hull, Québec, 1997

Forêt La Blanche http://www.icihull.com/foretlablanche/index.html

Rapport Brundtland, 1988
http://www.unece.org/env/pp/implementation%20guide/french/impl.guideI.e.pdf

Rapport Evergreen, 2000
http://www.evergreen.ca/fr/cg/resources/gw2000/gw2000-1.html


Le réseau de nature en ville ; l’exemple du Parc Tudor, 2004- 2005
http://www.ville-fachesthumesnil.fr/portail/public/page.php?P=data%2Fhabitat%2Fnature_et_ecologie_urbaine%2Fle_reseau_nature_en_ville%2F&PHPSESSID=95173412ee6857f956872a837f2ae1d4


Réserve Faunique Papineau–Labelle http://www.sepaq.com/Fr/index.cfm

Rappel, Lutte à l’érosion sur les sites de construction ou de sol mis à nu. Guide des bonnes pratiques, 2003

Rappel, Rive et Nature : guide de renaturalisation, 2001

Roger Dumouchel, L'entretien écologique des pelouses, document préparé pour le Conseil régional de l'environnement et du développement durable de l'Outaouais, 1996

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